Données de médecine générale : Doctolib intègre le consortium P4DP

Publié le mercredi 08 octobre 2025 à 10h52

Doctolib a rejoint la plateforme nationale P4DP, apportant avec lui la puissance de son réseau de 400 000 soignants et de sa plateforme logicielle intégrée. Son arrivée pourrait accélérer la structuration des données de soins primaires en France, offrant à la recherche un accès inédit aux données de vie réelle, dans un cadre sécurisé et conforme à la Cnil.

Structurer un maillon stratégique longtemps négligé

En rejoignant la plateforme nationale P4DP (Platform for Data in Primary Care), Doctolib franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de contribution à la recherche en santé. Ce partenariat vise à structurer et valoriser les données issues de la médecine de ville, encore trop peu exploitées malgré leur rôle central dans le suivi des patients et la prévention. Alors que les entrepôts de données hospitaliers se sont fortement développés ces dernières années, les données des soins primaire, qui représentent pourtant la majorité des interactions entre les patients et le système de santé, restent peu mobilisées à des fins de recherche ou de pilotage. Le projet P4DP ambitionne de corriger cette asymétrie.

Avec plus de 2 000 professionnels ciblés d’ici 2026 dans 35 centres universitaires, l’objectif est de produire une masse critique de données cliniques pseudonymisées permettant de documenter les parcours, d’améliorer les prises en charge et de soutenir les essais cliniques directement depuis les cabinets de ville. Ce chantier est porté par un consortium solide, incluant notamment le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), les universités de Rouen Normandie et de Côte d’Azur, le CHRU de Rouen, la Plateforme de données de santé (Health Data Hub), et Loamics, spécialiste du traitement automatisé des données de santé.

Une réponse à l’impératif d’innovation en soins primaires

Pour les initiateurs du projet, il ne s’agit pas seulement de nourrir la recherche académique, mais bien de créer une infrastructure pérenne d’exploitation des données cliniques du quotidien. L’ambition affichée est double : contribuer aux politiques de santé publique tout en améliorant la qualité des soins dispensés dans les cabinets de médecine générale.

Cette démarche rejoint les grandes orientations de la stratégie nationale sur les données de santé, qui reconnaît désormais la valeur stratégique des soins primaires comme levier de transformation du système de santé. Le partenariat avec Doctolib, fort de ses 400 000 soignants utilisateurs et de sa plateforme logicielle intégrée, permet d’ancrer cette ambition dans le réel.

L’importance de la sécurisation, de l’encadrement, et de l’acceptabilité:

Le communiqué, annonçant l’entrée de Doctolib dans la plateforme, insiste sur le cadre rigoureux mis en place : toutes les données transmises seront pseudonymisées et traitées selon des protocoles validés par la Cnil. C’est un élément central pour instaurer la confiance, tant du côté des professionnels que des patients. Dans un contexte où les usages secondaires des données de santé restent soumis à vigilance, ce projet pourrait faire figure de modèle, à condition de garantir une transparence totale sur les finalités, les conditions d’accès et les retours d’usage.

Une étape fondatrice pour la médecine générale numérique :

Avec cette initiative, la médecine générale entre pleinement dans l’ère des données structurées. Si le projet P4DP parvient à tenir ses promesses, il pourrait devenir un pilier de la recherche clinique de demain, mais aussi un outil de pilotage et d’amélioration continue des pratiques. L’enjeu, désormais, sera de convertir ce potentiel en impact tangible, en garantissant l’adhésion des professionnels, l’utilité des retours produits et une gouvernance solide au service de l’intérêt général.